En ce moment, le sujet sur les violences faites aux femmes revient beaucoup dans les actualités. Pour l’avoir personnellement vécu, je trouve cela, bien évidemment, positif.
Malgré tout, j’ai quelques points à soulever.
La violence physique…mais aussi la violence morale !
Les médias parlent beaucoup de la violence physique mais a tendance à oublier ou sous-estimer la « violence morale » qui est pourtant tout autant destructrice puisqu’elle peut mener au suicide la victime, ne pouvant plus la supporter.
Comme je l’avais raconté dans un autre article ( Le jour où j’ai dit STOP ), j’ai quitté ‘lui’. Je suis partie à temps. Même si la ‘bataille n’est pas finie’…
L’un des principaux éléments qui a déclenché mon départ et ma prise de conscience, est le fait qu’il a commencé à taper mon fils aîné. C’était la goutte de trop !!!

Pour ma part, (sans rentrer dans les détails car je pourrais écrire un roman vu la complexité de la situation), cela a commencé doucement par des crises de jalousie. Il ne voulait pas que je sorte habillée comme je le souhaitais car il ne voulait pas que les autres hommes me regardent. ‘Tu vas pas faire les courses avec cette robe !‘
Puis ont suivi des conflits pour tout et pour rien. Il justifiait ses réactions disproportionnées par son enfance dite difficile, par son boulot qui se passe mal…etc…et avec le temps il finissait par dire que c’était moi qui le rendait comme cela car ‘Mais tu ne vois pas que tu es invivable !‘ ‘Je me suis mis en colère, j’ai défoncé la porte car c’est toi qui me rend comme ça !‘ et pour donner de la ‘valeur’ à ses propos il justifiait ses dires en disant qu’une connaissance pense comme lui ‘Tu vois même le voisin pense que tu es insupportable, il m’a même demandé comment je faisais pour vivre avec toi !’ (alors que ce dit voisin, n’avait jamais rien dit sur moi…).
Lorsque j’ai voulu le quitter pour la première fois, il a joué sur la corde sensible ‘je ne suis rien sans toi‘, et le chantage ‘Si tu me quittes, je me suicide‘…
La seconde fois que je lui ai exprimé le fait que je voulais le quitter, il a changé de ton et de comportement, voyant que j’étais devenue insensible à son chantage de suicide…il est devenu menaçant et intimidant ‘si tu me quittes, je défonces tout dans l’appartement, je raconterai à tout le monde quelle ignoble personne tu es, que tu es un voleuse, manipulatrice…etc‘. Après cet acharnement, une fois calmé, il a fini par me promettre de se faire soigner. Mais ce n’était que de la manipulation, histoire que je me calme et passe à autre chose, car il n’a jamais entrepris une vraie thérapie. Il faisait une ou deux séances pour me faire croire à sa bonne volonté, et je retrouvais les boîtes de médicaments non entamées…quand je découvrais la vérité, il disais ‘De toute façon, j’en ai pas besoin, ce n’est pas moi qui suis fou, c’est toi qui devrais aller voir quelqu’un et j’ai pas le temps !‘
Par rapport à son activité illégale, il m’a toujours menti. Il m’a promis qu’il arrêterait à tel moment…et ‘le bon moment’ était sans cesse repoussé…Un jour, il m’a fait croire que c’était bien terminé, sauf que j’ai découvert ‘la vérité’, et bien entendu, il s’est victimisé ‘tu ne peux pas me laisser vivre en paix, vous êtes tous contre moi, c’est la seule chose qui me rend heureux’.
Je peux effectivement dire que j’ai vécu dans un climat d’insécurité, je vivais avec une boule au ventre permanente…Dès que je voyais son nom apparaître sur mon téléphone portable, je craignais de décrocher par peur de ce qu’il allait me dire ou m’annoncer (généralement un problème ou ses états d’âmes indiscutables). ‘Au fait, je t’appelle pour te dire que je suis licencié‘.
Sans parler que du fait que j’étais constamment dénigrée par lui comme pour se donner l’impression qu’il est supérieur à moi. ‘De toute façon, je ne vois pas pourquoi toi tu serais fatiguée tu es assises derrière un bureau toute la journée à ton travail tandis que moi j’ai un travail physique.‘ (Je prends cet exemple car il me l’a sorti à plusieurs reprises pour justifier qu’il ne puisse pas m’aider pour les tâches ménagères).
…
Puis je suis partie…mais la bataille n’est pas finie !
Quand je suis partie et qu’il a compris que je ne reviendrai pas…sa violence morale s’est amplifiée. J’étais consciente que c’était le risque à prendre et heureusement que j’étais à ce moment-là très bien entourée, car j’avoue qu’à un moment, malgré la présence de mes enfants, mettre fin à mes jours m’avait traversé l’esprit. Je n’en pouvais plus, je voulais que ça s’arrête…
J’ai subi :
- Du harcèlement téléphonique (appels incessants et messages vocaux), j’ai été contrainte de changer de numéro de téléphone,
- Des accusations monstrueuses : ‘tu tabasses les enfants, je vais porter plainte contre toi et je dirai au juge que tu es un danger pour les enfants’,
- Des menaces de mort,
- M’accuser de vol…
Problématiques à soulever…
C’est bien de parler des violences faites aux femmes mais il est temps aussi d’écouter les appels au secours !

Exemple concret que j’ai subi de la gendarmerie : Sur les conseils de mon avocate, j’ai voulu porter plainte car lui, m’a envoyé un sms et laissé un message vocal dans lesquels il me menaçait de mort. Le gendarme n’a rien eu de mieux à faire que de me rire au nez, faire écouter le message à son collègue et me dire que ‘Oh mais il est juste en colère, c’est un papa désespéré qui veut voir ses enfants’ (sachant que je n’empêchais pas lui de voir les enfants, il les voyait à ce moment là une à deux fois par semaine). Je suis sortie de la gendarmerie complètement désespérée alors que je me battais pour la sécurité de mes enfants et la mienne !
Exemple concret de l’entourage : Certains ont soulevé le fait que je n’avais pas l’air bien, j’ai cru me sentir en confiance et voulu me confier sur ce que je vivais…Je me suis entendue répondre ‘Mais tu n’exagères pas un peu’ ‘Il n’a pas l’air comme ça, c’est pas possible que lui puisse faire ça‘ ‘Oh tu subis ça car il est psychologiquement fragile, perdu, désemparé‘ et pire, venant d’un médecin psychiatre, ‘Vous pouvez pas le laisser tomber, il a besoin de vous, s’il est comme ça c’est parce qu’il est pas bien’. A cause de certains propos, j’ai longtemps cru que j’étais coupable en parti de la situation, ‘Je me suis mis dans ce pétrin, tant pis pour moi, je n’ai plus qu’à le subir.‘ Et j’ai surtout appris à me taire face à cette situation ! J’ai subi dans le silence ou comment se sentir isolée…
Conséquences sur le long terme.
Aujourd’hui, je ne vis plus avec lui. Après 2 batailles judiciaires, les enfants et moi-même nous nous sommes même éloignés géographiquement pour constituer une jolie famille recomposée et sereine.
Ces violences répétées vécues pendant environ 10 ans, ont eu pour conséquences sur moi des troubles du sommeil, des crises d’anxiété, manque de confiance en moi. J’ai souvent peur de la réaction que peuvent avoir les gens si j’ose exprimer certaines choses. Mon aîné aussi a développé certains troubles du comportement notamment des troubles de la concentration.
Petite remarque pour finir, on parle des violences faites aux femmes mais n’oublions pas les hommes. Les violences faites aux hommes est malheureusement aussi une réalité.